Dans un Refuge LPO, offrir des nichoirs aux oiseaux est souvent nécessaire pour pallier localement le manque de cavités naturelles, grands arbres ou fourrés.Mais les oiseaux ne sont pas les seuls êtres vivants à être affectés par un milieu pauvre en abris propices. Les insectes aux formes et couleurs étonnantes, excellents bio-indicateurs de la qualité de l'environnement, y sont particulièrement sensibles.
Le petit monde fascinant des insectes, maillon indispensable de l'équilibre écologique du Refuge LPO, se doit donc d'y être favorisé.
Les insectes ont besoin d'abris pour y construire leur nid, pour passer l'hiver ou simplement la nuit ou le jour. Un jardin naturel à la végétation sauvage variée et recelant de nombreux micro-milieux (bois morts, mousses, pierres, feuilles mortes, etc.) offre suffisamment d'abris. Il est alors superflu de poser des nichoirs.
Cette démarche se justifie dans trois cas :
- Si le milieu est déséquilibré, avec une ressource importante de nourriture mais peu de sites pour s'abriter ou nidifier. C'est fréquent en milieu urbain, où les jardins sont petits et souvent fleuris. La ressource en nectar est importante, mais les insectes qui s'en nourrissent manquent de sites de nidification.
- Si l'on veut artificiellement augmenter la densité de certains insectes. C'est le cas dans un potager cultivé de façon biologique, où le jardinier aura intérêt à attirer certains prédateurs ou parasites pour contrôler les déprédateurs de ses cultures.
- Si l'on veut pouvoir observer facilement certains insectes, qui sinon seraient très difficiles à repérer dans la végétation du jardin. C'est très utile dans le cadre d'activités de découverte, ou simplement pour le plaisir de mieux connaître les mœurs des insectes.
La bûche percée
De nombreux insectes, en particulier des abeilles et des guêpes solitaires inoffensives, utilisent les galeries creusées dans le bois mort par les larves d'insectes xylophages (c'est-à-dire se nourrissant de bois). Une simple bûche de bois dur fendue en deux et percée de trous de différents diamètres, de 2 mm à 15 mm, est bien vite adoptée par ces espèces. Les trous ne doivent pas traverser le bois, sinon ils ne seraient pas occupés.
Des morceaux de bois de charpente de dimension convenable peuvent être utilisés, à condition qu'ils n'aient jamais été traités.
Il faut utiliser du bois dur (chêne, hêtre, charme, châtaignier...) et éviter les bois blancs ou de résineux (peuplier, pin, sapin...) qui gonflent à l'humidité.
Ce nichoir se pose ou se suspend à proximité des parterres de fleurs, jusqu'à 2 m de hauteur, à l'abri des vents dominants.
Le pot perce-oreille
Il s'agit d'un grand classique du jardin biologique. Son principe est simple: les perce-oreilles vivant la nuit et se réfugiant le jour dans des endroits sombres et frais, ils colonisent rapidement des pots de fleurs renversés remplis de foin (ou de paille) légèrement humide et peu tassé suspendus dans les endroits où ils sont nombreux. Gros mangeurs de pucerons, il n'y a qu'à déplacer au cours de la journée l'abri dans un arbre ou un parterre envahi de pucerons. Lorsque le problème est résolu, il suffit de remettre le pot à sa place primitive. C'est une manière efficace d'augmenter artificiellement le nombre de prédateurs des pucerons du jardin pour limiter leurs populations.
Pour que le système fonctionne bien, il faut que le bas du pot suspendu touche la végétation afin que les perce-oreilles puissent circuler facilement.
La botte de tiges
Dans la nature, les tiges sèches creuses (graminées, ombellifères...) ou remplies d'une moelle tendre et facile à creuser (sureau, ronce, framboisier...) sont fréquemment occupées comme abris journaliers, pour l'hiver, ou pour nidifier. Il suffit de confectionner des bottes de 10 à 20 tiges de 20 cm de longueur environ en liant ensemble avec de la ficelle ou du fil de fer. Le bambou, solide, de diamètres variés et aux nœuds espacés, convient bien pour ce type de nichoir.
Les tiges creuses doivent être bouchées à une extrémité ou en leur milieu pour être utilisées par les insectes. Il faut soit utiliser les nœuds naturels, soit tremper l'une des extrémités de la botte dans de l'argile délayée dans un peu d'eau. Les bottes peuvent être fixées par deux sur un petit piquet, l'une horizontale, l'autre verticale, et réparties dans les parterres de fleurs ou au potager.
Le nichoir-boîte
La durée de vie des bottes de tiges est très courte, deux ou trois ans au plus.
Il est possible de construire une boite en bois dans laquelle les tiges sont rangées en les tassant. Les avantages sont nombreux. La longévité des tiges est largement augmentée. Il suffit de remplacer chaque année, au cours de l'été, les tiges utilisées l'année passée et encombrées de vieilles cellules.
Le nichoir devient permanent et sa durée de vie est celle de la boite en bois. Il n'est plus nécessaire d'utiliser des tiges creuses fermées à une extrémité, le fond de la boite jouant le rôle de bouchon.
Le nichoir-boite se place comme la bûche percée.
- Cette page est tirée des fiches pratiques "Refuges LPO". Cliquez ici pour en savoir plus sur les refuges LPO