La LPO Champagne-Ardenne et le Conservatoire des espaces naturels de Champagne-Ardenne (CENCA) ont décidé de poursuivre les organisateurs du Teknival pour destruction d’habitat et d’espèces.
« Nous portons plainte pour destruction d’habitat, destruction d’espèces, bris de clôture et occupation d’un site dont nous avons la gestion », annonce Roger Gony, président du Cenca.
Nous envisageons d’attaquer l’État car les arrêtés préfectoraux pris pour interdire la manifestation ne l’exonèrent pas de sa responsabilité. Il aurait dû faire le nécessaire pour éviter l’occupation du site de Marigny en trouvant un terrain approprié.
Étienne Clément, président de la LPO Champagne-Ardenne et du collectif LPO Grand Est précise :« On se rend toujours sur la pointe des pieds sur ce site afin de perturber le moins possible ses occupants. Certaines espèces d’oiseaux qui y vivent, comme le Tarier des prés, le Petit Gravelot ou encore la pie Grièche écorcheur, sont considérées comme menacées du fait de la disparition de leur habitat".
Ils sont en pleine nidification. Quand ils reviendront, avec quatre jours sans la mère dessus, la couvée sera foutue. Cela signifie qu’il n’y aura pas de reproduction cette année, déplore Roger Gony.
Le site a été classé car c’est l’une des dernières pelouses sèches du département. « C’est-à-dire un terrain très pauvre, particulièrement bien drainé où l’eau ne reste pas en surface. C’est plus chaud qu’ailleurs. Cela convient aux insectes qui n’aiment pas l’humidité et à certaines plantes comme les orchidées qui y poussent. Hélas, ces fleurs se retrouvent sous les pneus des teknivaliers. J’ai pu le constater en me rendant sur place samedi, regrette Roger Gony. Elles finiront par repousser mais ce sont des millions de graines qui ne partiront pas et des insectes qui seront privés de nourriture. »
Des années de protection des espèces anéanties
Selon la LPO-CA et le CENCA, le Teknival est en train de saccager des années d’efforts pour développer la végétation particulière du lieu et la reproduction d’oiseaux qui se font rares. « D’un côté, le CNRS alerte sur l’effondrement des effectifs d’oiseaux dans les campagnes et, de l’autre, l’État laisse un festival s’installer sur une zone où ils sont protégés. On ne comprend pas bien », dénonce Étienne Clément.
On connaît la solution pour qu’il ne revienne plus. Il faut transformer le terrain pour qu’il ne soit plus attractif. Nous avons notamment le projet de faire acheter le site par les communautés de communes pour y construire une station photovoltaïque. Si ce projet échoue, il restera l’option de retirer le béton. Sans béton, les teknivaliers ne viendront plus car ils ne veulent pas être dans la boue en cas de pluie.
Source : Journal l'Union de Reims