A peine plus gros qu’une noix tombée au sol, avec un ventre jaune vif marbré de noir et un dos brun parcouru de minuscules bosses lui faisant imiter une petite motte de terre à la perfection, il ne laisse jamais le randonneur indifférent.
Peut-être son trait le plus surprenant se trouve dans ses pupilles en forme de cœur. Les plus chanceux pourront entendre au plus fort de l’été les petites notes douces et mélancoliques qu’il émet à répétition et qui lui ont values son nom : le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata).
On retrouve ce petit crapaud essentiellement au sein des massifs forestiers de plaine, se reproduisant principalement dans des petites pièces d’eau ensoleillées : ornières, fossés, mardelles ou zones de source. Il peut également s’observer, plus rarement, dans certaines carrières ou en zone agricole à la faveur d’écoulements superficiels au sein de prairies.
Le Sonneur à ventre jaune est malheureusement en déclin au niveau national, ce qui lui a valu la mise en place d’un Plan National d’Actions décliné au niveau régional en Grand Est. Son maintien est étroitement dépendant de la gestion forestière. Le réchauffement climatique, en asséchant précocement les habitats de reproduction, est une menace qui risque de s’amplifier dans les années à venir.
Alors que notre amphibien a déjà disparu des parties de plusieurs régions de France, la Champagne humide constitue l’un des derniers bastions permettant la survie de l’espèce. Cependant notre région n’est pas en reste et des populations bien connues de Sonneurs s’effondrent déjà.
Le CERFE (Centre de Recherche et de Formation en Éco-Éthologie), station de terrain de l’Université de Reims, étudie le Sonneur à ventre jaune en Forêt Domaniale de la Croix-aux-Bois (08) depuis le début des années 2000.
Plusieurs constats s’imposent : la population de la Croix-aux-Bois a subi un réel effondrement et la répartition de l’espèce est par ailleurs très méconnue dans le reste de l’Argonne. Aussi, nous aimerions réactualiser ces connaissances afin de mieux comprendre le statut et la répartition de l’espèce en Argonne et connaître le degré d’isolement de la population de la Croix-aux-Bois, la dernière connue des Ardennes.
C’est pour cela que nous nous tournons vers vous, naturalistes, randonneurs, qui avez l’habitude de parcourir l’Argonne, afin de vous inciter à jeter un œil dans les ornières forestières ou bocagères que vous rencontrerez sur votre chemin, à saisir vos données de Sonneurs à ventre jaune le plus finement possible.
Vous pouvez pour cela utiliser Faune-Grand-Est et l'application Naturalist pour les habitués ou les faire remonter via le site du programme "Sonnette" (https://sonnette.univ-reims.fr/), qui est un programme de science participative en cours de développement dans l'Argonne à destination du grand public.
Un grand merci d'avance pour toutes les informations que vous pourrez transmettre, en vous souhaitant de belles observations naturalistes, sous le regard amoureux des sonneurs…
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