
Après avoir connu fin octobre, sur toute la voie de migration ouest-européenne à une mortalité massive de Grues cendrées infectées par le virus de la grippe aviaire, la situation s'améliore nettement sur l'ensemble des sites que la grue fréquente. Les premières grues malades en France ont été signalées lors du week-end du 18/19 octobre dans le nord-est lors d’une vague de migration qui a concerné 80 000 grues.
Tous les sites français de stationnement ont été concernés par de la mortalité excepté peut-être en Camargue. En Champagne humide, des comptages sur les sites de dortoir, ont permis de recenser au moins 10 000 grues en Champagne humide. C’est un minimum, les grues mortes sur les sites d’alimentation ne sont pas comptabilisées.
Les cas existent toujours actuellement mais sont beaucoup moins nombreux. Quelques autres espèces sont actuellement concernées comme l'Oie cendrée, le Cygne tuberculé, la Mouette rieuse, le Faucon pèlerin, le Pipit spioncelle, le Grand Cormoran. Cependant, il n'y a pour le moment pas de surmortalité importante sur ces espèces (au 14/11/2025).
En cas de découverte d’une grue morte ou malade ou d’une autres oiseaux à risque (rapaces, oiseaux d’eau), ne le manipulez pas, contactez les services départementaux de l’Office Français pour la Biodiversité :
Ardennes :
Aube :
Marne :
Haute-Marne :
Les observateurs qui fréquentent les zones humides et cultures où stationnent des grues doivent être vigilants sur les risques de dissémination du virus. il est important de changer vos chaussures de terrain avant de remonter dans vos voitures et de nettoyer/désinfecter les semelles à votre retour chez vous et avant de les ranger. Si vous deviez enchainer plusieurs endroits différents d’affilés, n’hésitez pas à désinfecter les semelles entre chaque site.
Interwiew donnée il y a quelques semaines à l'Hebdo du Vendredi par Etienne CLEMENT président de la Ligue pour la protection des oiseaux Champagne-Ardenne.
Comment l'épidémie d'influenza aviaire évolue-t-elle et sur quels sites de la Champagne humide en particulier ?
Nous sommes en plein pic de l'épidémie depuis le début de la semaine dernière et aussi en pleine migration des oiseaux. La population globale de grues cendrées passant par la Champagne humide s'établit à environ 450 000 individus chaque année, mais qui n'y restent pas, fort heureusement. La migration post-nuptiale dure jusqu'à la fin du mois de novembre. Aujourd'hui, un tiers des grues, c'est-à-dire entre 120 000 et 150 000, sont déjà passées. D'autres vont encore arriver. Le virus circule sur l'ensemble de la population. Et puisque les grues se concentrent à différents endroits, tous les sites sont concernés. Aussi bien le lac du Der que les étangs satellites, comme celui de la Horre, à cheval entre l'Aube et la Haute-Marne, mais aussi la réserve naturelle régionale des étangs de Belval-en-Argonne, les lacs de la Forêt d'Orient, etc.
Pourquoi les grues cendrées sont-elles si touchées cette année et quel impact cette surmortalité aura-t-elle sur leur population ?
D'une année sur l'autre, l'influenza aviaire ne concerne pas la même espèce. Elle a touché les cygnes il y a trois ans, et plutôt les sternes, des oiseaux côtiers ressemblant à de petites mouettes, l'an passé. Le foyer se concentre à plus de 95 % sur les grues cendrées cette année. Ça s'était déjà produit en Israël et en Hongrie, mais elles n'étaient pas concernées sur notre territoire jusqu'à présent. Nous n'avions encore jamais connu une mortalité de cet ordre, c'est un phénomène inédit.
L'Office français de la biodiversité (OFB) récupère environ une cinquantaine de cadavres chaque jour et uniquement sur des emplacements qui peuvent poser problème, comme les bordures de routes, les jardins ou les endroits à proximité des habitations. On évite d'intervenir sur les grues mortes à l'intérieur des zones humides, pour limiter le risque de propagation par les fientes. On réalise aussi des comptages avec les équipes et les bénévoles de la LPO. Ce mercredi, 4 600 cadavres et grues malades ont été recensés dans la cuvette du lac du Der. Avec les étangs satellites d'Outines et d'Arrigny, on devrait avoisiner les 6 000 individus.
On sait que ce virus est endémique. Il traîne en permanence, avec des émergences à certains moments, comme pour la grippe ou le covid. Pourquoi les grues cette année ? Est-ce lié à un variant ? Difficile à dire. Une chose est sûre, l'impact sera forcément important. Cette surmortalité va désorganiser le cycle de reproduction. Un couple de grues reste fidèle à vie. Si l'un des adultes, voire les deux, meure(nt), les jeunes nés dans l'année vont également mourir. Un vaccin existe contre la grippe aviaire, mais pour les volailles. On ne peut pas vacciner la faune sauvage et il n'existe pas d'autre traitement. On espère que cette crise s'estompera vite. On manque de recul pour se projeter et savoir si les grues cendrées seront de nouveau touchées dans les années à venir.
Quel est le risque de transmission à l'humain et quelles mesures préconisez-vous pour s'en prémunir ?
Le risque de transmission reste à la marge. On reçoit des dizaines d'appels par jour, pour des signalements de grues mortes ou des demandes de conseil. La première précaution à prendre, c'est de ne pas s'approcher. Certaines personnes ne sont pas au courant de la situation et peuvent avoir un mauvais réflexe en voulant secourir une grue qu'elles pensent blessée, alors qu'elle est infectée. Si une intervention est vraiment nécessaire, il faut s'équiper de gants et d'un masque. Mais si la grue est dans un coin et qu'elle ne pose pas de problème, mieux vaut la laisser et contacter la mairie pour l'en informer.
Texte Étienne Clément. Propos recueillis par Sonia Legendre (L'Hebdo du Vendredi).
Pourquoi les Grues cendrées sont-elles particulièrement touchées par la grippe aviaire depuis la mi-octobre 2025 ? (Ornithomédia)
Comptage de ce dimanche 16 novembre matin 47 000 grues cendrées ont quitté le dortoir du lac du Der pour se nourrir. Merci aux compteurs bénévoles de la LPO C.A.