Oie des moissonsTrois espèces d’oies grises hivernent habituellement dans notre région : l’Oie cendrée, l’Oie rieuse et celle qui nous intéresse aujourd’hui : l’Oie des moissons (Anser fabalis).

À peu près de la même taille que les deux autres, elle se reconnaît à sa tête et son cou assez sombres contrastant avec son corps pâle, son bec sombre épais et court à pointe orange et ses pattes orange. A noter que cette description correspond à la sous-espèce « rossicus » qui niche dans la toundra sibérienne. Les oiseaux nichant dans la taïga en Scandinavie, un peu plus grands et plus fins, au bec plus long et plus orange, parfois considérés comme appartenant à une espèce distincte, ne fréquentent pas notre région.
Nichant très au nord en Sibérie, l’Oie des moissons de la toundra arrive sur ses lieux de nidification fin mai. 3 à 8 œufs sont pondus début juin. Ils seront couvés pendant 4 semaines et les jeunes seront prêts à prendre leur envol 2 mois plus tard. Des études ont montré que le succès de la reproduction pouvait être fortement corrélé à l’abondance des lemmings, les couvées étant plus fortement prédatées par les renards polaires lorsque ces rongeurs, dont les populations sont très fluctuantes, sont très peu nombreux. Les conditions climatiques jouent également un rôle important dans cette réussite. Les Oies des moissons se rassemblent en grand nombre sur certains sites sibériens et du grand nord finlandais pour muer avant d’entreprendre leur migration vers le sud. Les premiers oiseaux sont habituellement observés chez nous en octobre – novembre mais les effectifs les plus importants sont notés à partir de la mi-décembre. Le départ des hivernants a lieu en mars.

Un déclin très marqué dans notre région

L’Oie des moissons était, au début des années 80, l’oie la plus nombreuse dans notre région avec des effectifs pouvant dépasser 3.000 individus. Elle est aujourd’hui la plus rare des trois espèces avec, sauf en cas de forte vague de froid dans les régions nordiques, seulement quelques dizaines d’oiseaux présents. Ce déclin spectaculaire n’est pas lié à raréfaction de l’espèce mais résulte, semble t-il, d’une contraction de son aire d’hivernage vers le nord liée au réchauffement de notre climat.

Gérard Rolin

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Le Grèbe jougris (Podiceps grisegena)

 

La famille des grèbes compte 5 espèces en Europe dont 2, les grèbes huppé et castagneux, nichent communément dans notre région. Le Grèbe à cou noir n’y fréquente régulièrement que 2 sites de nidification et le Grèbe jougris, qui nous intéresse aujourd’hui, est chez nous un migrateur peu commun et un hivernant rare et ne se reproduit qu’occasionnellement sur nos plans d’eau depuis une trentaine d’années,  son aire de nidification se situant essentiellement à l’est d’une ligne allant du Danemark à la Grèce jusqu’au Kamchatka. Il est également présent sur le continent américain.

 

Un peu plus petit que le Grèbe huppé, le Grèbe jougris se reconnaît en plumage internuptial à son cou plus court, plus épais et plus sombre et à son bec sombre à base jaune et non pas rose. En plumage nuptial, l’identification est beaucoup plus aisée, l’adulte ayant une calotte noire, les joues et la gorge grises et le cou roux.

Il niche ordinairement sur de petits plans d’eau peu profonds aux berges envahies de roseaux et de buissons de saules. Le nid, une plateforme flottante ancrée à la végétation, accueille 4 œufs à partir de mai. Sur nos lacs artificiels sur lesquels le Grèbe jougris essaie de s’installer, la baisse de niveau en cours de saison affecte le succès de reproduction et cela explique peut-être qu’un couple installé de 2009 à 2014 n’ait réussi à élever que 2 jeunes en 6 ans.

 

Une technique de pêche qui évolue avec l’âge

Bon nageur, comme tous les grèbes, il se nourrit principalement de petits crustacés, d’insectes aquatiques et de leurs larves et de petits poissons. 

La plupart des Grèbes jougris hivernent en mer, dans une bande côtière dont la profondeur n’excède pas 20 mètres. Les oiseaux de première année s’associent souvent aux Macreuses brunes qui fouillent le substrat à la recherche de mollusques et autres proies et consomment essentiellement les vers ainsi délogés. Les adultes, quant à eux,  se nourrissent surtout d’éperlans qu’ils poursuivent sous l’eau et font remonter vers la surface. Cela leur vaut parfois d’être pris dans des filets de pêche, la principale menace pour cette espèce avec développement des activités nautiques, source de dérangement et de destruction de la végétation des berges sur les plans d’eau où il niche. Sa population, de l’ordre de 35.000 couples pour l’Europe et l’Asie, est toutefois globalement stable.

 

                                                                                              Gérard ROLIN