Belle dameLa Belle dame (Vanessa cardui), également appelée Vanesse du chardon, est un très beau papillon que vous avez de grandes chances d’observer d’ici à la fin de l’été.

C’est, en effet, une espèce commune dans notre région et probablement le papillon diurne le plus répandu sur notre planète, n’étant absent que d’Amérique du Sud et, bien sûr, de l’Antarctique. Ce n’en est pas moins un insecte extraordinaire.
Si son nom scientifique célèbre la déesse Vénus et indique que la chenille se nourrit sur le chardon (parmi plus de 100 plantes différentes, ce qui est rare chez les papillons), son nom vernaculaire lui a été donné en 1762 par l’entomologiste Geoffroy, en traduction du nom « Bella dona » attribué par le naturaliste suédois Carl von Linné, nom qui associait la grande beauté de ses ailes à celle des élégantes qui consommaient de la belladone pour dilater leurs pupilles.

Un grand migrateur

Mais ce n’est pas la beauté de la Belle dame qui en fait un insecte extraordinaire mais son mode de vie et ses migrations. Alors que la grande majorité de nos papillons sont sédentaires et ont une, voire deux générations par an, la Belle dame est un grand migrateur dont le cycle se fait sur 6 générations. La 1ère part d’Afrique du nord ouest à la fin de l’hiver et colonise le pourtour méditerranéen, la 2ème gagne l’Europe centrale puis du nord au cours du printemps et peut atteindre les régions polaires. En milieu d’été, la 3ème repart vers le sud et la 4ème atteint, en octobre-novembre, le nord ouest de l’Afrique et le Sahel où se développeront les deux suivantes au cours de l’hiver avant le début d’u nouveau cycle. Au total, l’espèce parcourt donc plus de 9 000 km aller, soit plus que les célèbres Monarques américains, une remarquable prouesse pour un insecte de 75 milligrammes qui peut parcourir 500 km en une journée. Sur le continent américain, un déplacement analogue se fait entre le Mexique et le nord du Canada. Les effectifs sont variables et donnent parfois lieu à des migrations spectaculaires comme celle de mai 2009 où plusieurs centaines de millions de Belles dames ont traversé l’Europe au mois de mai. 11 millions ont atteint la Grande-Bretagne et, quelques mois plus tard, près de 30 millions ont repris le chemin de l’Afrique, volant à plus de 1 000 mètres d’altitude et à près de 50 km/h !

Gérard Rolin